Décryptages...

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Meuse : Trois ouvriers fauchés par un train sur une voie ferrée privée...

La sécurité sacrifiée à la rentabilité?

 

 

 

 

   

(désolé pour l’indécence, en ces circonstances, des quelques secondes de pub précédant la vidéo)

 

 

          Trois employés d'Alstom sont morts jeudi matin, fauchés lors d'un essai du nouveau train de la société sur une voie privée en Meuse, un accident rare dont les circonstances n'étaient pas encore élucidées en fin d'après-midi.

 

          Les salariés du groupe de construction ferroviaire ont été percutés vers 08H35 par un train qui effectuait des essais sur une voie louée à Réseau ferré de France (RFF), entre Loxéville et Willeroncourt, et parallèle à la ligne ferroviaire classique Paris-Strasbourg, a précisé le groupe.

"Les essais étaient destinés à tester la qualité de ce nouveau matériel roulant. Ils avaient débuté depuis une semaine. Il est encore trop tôt pour déterminer les circonstances de l'accident", a dit le président d'Alstom Transports, Henri Poupard-Lafarge, lors d'une conférence de presse sur place.

"A priori, il n'y a pas eu de défaillance technique du matériel", a-t-il ajouté, en précisant que le train roulait "vite, entre 80 et 100 km/h".

 

          L'accident a eu lieu en sortie de courbe sur cette voie grillagée des deux côtés et située près de la voie empruntée par les trains du réseau national, a relaté le commandant de gendarmerie de la Meuse, Frédéric Cléton.

 

         "Les ouvriers avaient l'habitude d'entendre les autres trains circulant sur la voie à proximité, ils ne se sont peut-être pas méfiés", a estimé le commandant Cléton.

 

          Le train était composé d'une motrice et de quatre rames du Régiolis, une nouvelle génération de train régional dont les premiers exemplaires doivent être livrés fin 2013, avec à leur bord une vingtaine d'ingénieurs d'Alstom.

 

           Les trois victimes faisaient partie d'un groupe de dix ouvriers chargés de reballaster les voies, selon M. Poupard-Lafarge. Deux étaient salariés d'Alstom, le troisième travaillait en intérim. "L'intérimaire était le seul originaire de la région. Ce sont des pères de famille", a-t-il indiqué, sans préciser leur identité ou leur âge.

 

            Selon Anne Cochart, Officier de gendarmerie, les sapeurs pompiers ont été dépêchés sur place pour porter secours à 5 autres ouvriers présents sur les lieux et légèrement blessés lors de la collision.

 

          L'accident est survenu sur une portion de 11 kilomètres de ligne, louée par RFF cet été à Alstom pour 15 ans, a précisé à l'AFP le président de RFF, Hubert du Mesnil.

 

          Un porte-parole de la SNCF a de son côté démenti toute implication de la société nationale. Cet accident est d'autant plus "révoltant" qu'il s'est produit sur une section qui avait justement été louée pour permettre aux ouvriers de travailler en toute sécurité, a ajouté M. du Mesnil.

 

          "Pour l'instant, on ne sait pas où est la défaillance. Nous avions mis cette voie d'essai à niveau pour faire les tests, nous arrivions à la fin des travaux. Depuis 15 jours, nous avions testé la capacité de la voie avec du matériel homologué. Et nous commencions depuis une semaine à tester ce nouveau matériel", a expliqué le président d'Alstom Transports.

 

Commentaires personnels :

 

Extrait d’une note Sncf :

 6.5 - Annonceur

L'annonceur est l'agent chargé d'annoncer l'approche des circulations.

6.6. - Sentinelle

Lorsque l'annonceur ne dispose pas d'une distance de visibilité suffisante, une ou

des sentinelles lui signalent l'approche des circulations.

 

 

                      Cheminot est un métier à part entière.

 

            Sachant que l’accident a eu lieu en sortie de courbe, la position des sentinelles et de l’annonceur ne semble pas avoir été respectée. Y en avait-il d’ailleurs ? Il est possible d’en douter au vu des déclarations de l’officier de gendarmerie sur la vidéo. L’enquête devra, en tous cas, l’établir car c’est un point d’une importance capitale. Ces  ouvriers n’étaient-ils pas plus « rentables » à travailler sur la voie, peu importe le défaut de surveillance ?

                   Dans ce contexte particulier, l’avenir de la sécurité apparaît bien sombre :

                   Le centre d'analyse stratégique (CAS), l'organe de prospective du gouvernement, a rendu le 5 octobre dernier un rapport à fort potentiel polémique. Publié en pleines Assises du ferroviaire, il détaille par le menu les enjeux économiques et sociaux de la future libéralisation du transport des voyageurs décidée par la Commission européenne.

                A l'horizon 2016, la SNCF ne sera plus seule habilitée à transporter des voyageurs sur le réseau ferré français. Comme pour celui de l'électricité, et en attendant celui des services postaux, le marché du transport ferroviaire des voyageurs va devoir s'ouvrir aux concurrents et suivre la destinée du fret et de certaines lignes internationales.

 

                Bienvenue au secteur privé, à sa gestion basée sur la rentabilité au détriment de la sécurité.

 

                31 mai 2010. – La Commission européenne a exigé de Paris la privatisation de la SNCF en transformant le statut d'EPIC en celui de société anonyme. Selon les commissaires européens, la garantie de l'État sur l'entreprise publique fausserait le jeu de la concurrence. Le 11 février dernier, Bruxelles avait adressé un courrier en ce sens à Paris.

 

              Du côté syndical, la réaction est encore plus vive. « Pour accélérer le mouvement vers la privatisation totale, l'Europe demande à la SNCF de se transformer en société anonyme […] On nous dira qu'il ne s'agit pas d'aller vers la privatisation malgré les exemples d'EDF et de La Poste », réagit SUD-Rail. « La SNCF est encore un EPIC, mais pour combien de temps ? La commission européenne va-t-elle aller devant la cour de justice pour que la SNCF se transforme en SA ? […] La Commission européenne veut encore pénaliser les entreprises de service public », précise le syndicat.

« La Commission européenne, ses technocrates, l'Europe en général, cassent tous les services publics qu'elle touche. Une vraie entreprise de démolition qui va à l'encontre des fondements même de l'Europe », estime Bernard Aubin, secrétaire général du syndicat CFTC des cheminots. Et d'ajouter : « L'Europe a imposé la concurrence dans le fret ferroviaire sous prétexte de le dynamiser : bilan, le fret SNCF est au bord du gouffre et la quantité de marchandises transportées par le rail n'a jamais été aussi basse en France ».

 

              Aujourd’hui ce sont trois ouvriers qui ont été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité.

 

             Quel sinistre bilan demain parmi les voyageurs et les cheminots ?

 

 

« La multitude des hommes vivants est sacrifiée à la prospérité de quelques uns »  (Senancour)



03/12/2011
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