Décryptages...

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Amiante: les Lois qui tuent...

 

                

 

                        Serge Le Veziel découpe sans sourciller les plaques d’amiante destinée à la fabrication des transformateurs.

                        Un rayon de soleil filtrant laisse entrevoir les milliards de particules qui dansent dans l’air ambiant et qu'il inhale inconsciemment...

                         Nous sommes en 1975 aux chantiers navals de Dunkerque. Aucun masque de protection, rien !

 

                        Ardhuin, lui, bosse depuis 37 ans à Usinor-Sollac non loin de là, toujours au milieu de ces innombrables poussières blanches qu’on lui a dit d’ignorer.

 

           

                        Mars 2007 : « Je suis foutu, c’est fini »  confie Serge à son épouse, « tu dis aux gens qui veulent me voir que c’est maintenant ou jamais ! ». Marjorie, atterrée refuse d’entendre la réalité. Pourtant Serge s’éteindra quelques jours après…

 

                        La douleur d’Yvelines Ardhuin s’ajoutera à celle de Marjorie le 20 octobre 2010, comme à celles de milliers d'autres veuves.

                        Elle relate le cauchemar : «  Thérapie, chimie… A côté de lui, un petit seau où il crachait des morceaux de poumons… »

 

                        Pourtant dès 1909, un inspecteur du travail de Caen fera le rapprochement entre l’exposition aux poussières d’amiante et les maladies professionnelles.     

 

                        Pourtant en 1945, les dites maladies professionnelles prendront en compte l’exposition régulière aux poussières d’amiante.

 

                       Il faudra cependant attendre l’année 1997 pour que cette fibre voit son utilisation prohibée.

 

                      Les multiples victimes attendent depuis 16 ans un procès pénal qui sanctionnera enfin les responsabilités.

 

                      Las, la juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy devrait être dessaisie, contre son gré, de ce dossier sur lequel elle travaille depuis plusieurs années et qu’elle connaît très bien.

                      La juge qui devrait la remplacer devrait réétudier un dossier complexe représentant plusieurs mètres cubes, ce qui retarderait l’instruction de plusieurs années quand Mme Bertella s’est engagée à terminer l’instruction cette année afin qu’un procès pénal puisse se tenir en 2014.

 

                 Rappelons que deux anciens dirigeants de la société Eternit (produisant de l’amiante) avaient  été condamnés à 16 ans d’emprisonnement à Turin (Italie) en première instance le 13 février 2012 et à une centaine de millions d’euros de dommages et intérêt pour avoir causé intentionnellement une catastrophe écologique et non-respect des mesures de sécurité dans deux usines d’Eternit du Piémont.

               Lors du procès en appel des deux anciens copropriétaires de la société, dont le Suisse Stephan Schmidheiny, le juge du tribunal de Turin chargé du procès des victimes de l’amiante en Italie a souligné lundi dernier 18 février le soin mis par les dirigeants de la société Eternit S.p.A. Gênes à cacher la nocivité de l’amiante. Il l’a comparé à la volonté des nazis de camoufler l’Holocauste. 

http://www.tdg.ch/monde/europe/risque-amiante-cache-lholocauste/story/26494149

 

                 Quant à Mme Bertella, elle ne manque pas de rappeler qu'en Italie contrairement à la France, le procureur totalement indépendant du pouvoir exécutif, peut s'autosaisir.

                  En France, ledit Parquet freinerait au maximum sur le "dossier amiante". 

 

                  

                 A quant un Parquet véritablemnt indépendant comme promis par F.Hollande ?

 

                  A quand un Conseil Supérieur de la Magistrature indépendant nommé selon les directives de Bruxelles ?

 

 

                  Toujours est-il que la Garde des Sceaux, qui s'est brillament dépensée dans le projet de loi pour le mariage pour tous, devrait se prononcer vendredi sur le maintien éventuel du juge d’instruction Mme  Bertella sur le dossier.

 

                  Elle n’a cependant pas manqué de faire remarquer qu’un procès pénal des éventuels responsables serait impossible en France, la loi Fauchon (juillet 2000) étant non-rétroactive et freinant les condamnations dans l’affaire de l’amiante tout comme d’ailleurs les mises en examen d’élus dans l’exercice de leurs fonctions.

http://rjc.fr.eu.org/loi-du-10-juillet-2000-dite-loi-fauchon/

 

             Loi bien sûr votée par nos députés représentant le peuple français.

 

             Combien d’électeurs, combien d’ouvriers de la région de Dunkerque étaient-ils au courant de ce coup de poignard ?

 

             A quand un véritable débat public avec le député qui doit rendre compte régulièrement , tout au long de son mandat de cinq ans, devant les citoyens qu’il est censé représenter comme l’oblige expressément le règlement officiel de l’Assemblée Nationale ?

 

http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/travail_depute.asp

(bas de page)

 

Et que résonnent ces paroles de Danièle Mitterrand:

 En France on élit et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. Est-ce la démocratie quand après avoir voté nous n’ayons pas la possibilité d’avoir de l’influence sur les élus ? 



06/07/2013
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